Thèmes : immunité, virus
Les virus grippaux de type influenza A (IAV) circulent principalement chez les oiseaux qui ont des températures corporelles élevées (40-42°C), tandis que les souches qui attaquent les humains se retrouvent dans les voies respiratoires supérieures qui ont des températures plus basses (33-37°C). La fièvre, qui élève la température corporelle humaine de 2°C environ, constitue une défense antivirale ancienne, mais son effet direct reste débattu. Une étude parue dans Science en novembre explore si des segments génétiques des virus aviaires pourraient provoquer une résistance à la fièvre et expliquer la gravité des pandémies grippales de 1918 (surtout, la tristement célèbre grippe espagnole), de 1957 et de 1968 (dans une moindre mesure) lorsque des virus d'origine aviaire étaient devenus transmissibles d'humain à humain.
Les auteurs ont utilisé des fragments de génome de virus grippaux aviaires pour créer des virus chimériques isogènes, en remplaçant la sous-unité PB1 (composante de la polymérase virale) d'origine humaine par des versions aviaires. Ils ont testé in vitro la réplication à 40°C d'un virus de laboratoire avirulent pour l'humain (PR8, sensible à la chaleur) et de mutants "avianisés" avec deux substitutions d'acides aminés conférant une résistance thermique. In vivo, des souris ont été infectées et exposées à une température ambiante élevée simulant une fièvre (augmentation de 2°C de la température corporelle), comparant la pathogénicité des virus parental et résistant.
Conclusion ? La PB1 aviaire permet bien une réplication efficace à 40°C à la fois in vitro et in vivo, comme observé dans les virus pandémiques historiques. Chez la souris, une fièvre simulée protège contre le virus sensible (maladie légère au lieu de sévère), mais pas contre le mutant résistant qui cause une pathologie grave. Ainsi, l'élévation thermique agit bien habituellement comme une défense antivirale puissante, mais devient inefficace contre les souches d'origine aviaires.
| Source : https://www.science.org/doi/10.1126/science.adq4691 |
De plus, la fièvre pourrait même être contreproductive car la variante aviaire de PB1 se retrouve alors à 39-40°C qui est sa température optimale de fonctionnement ! Et cette température élevée (pour l'homme) se retrouve dans les voies respiratoires inférieures, c'est-à-dire dans les poumons, ce qui contribuerait aussi à l'aggravation des symptômes.
Ces résultats indiquent qu'il faut suivre comme le lait sur le feu la séquence de PB1 des virus aviaires qui infectent épisodiquement les éleveurs de volailles et qui pourraient ensuite muter pour se propager entre humains.
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