La biomasse des mammifères est à une écrasante majorité composée des humains et de leurs animaux d'élevage

 Thème : écosystèmes, cycles biogéochimiques, biodiversité, agrosystèmes

La biomasse correspond à la masse totale des organismes vivants (tous ou un groupe donné) dans un biotope défini. Complémentaire à la biodiversité, ce paramètre est lié aux flux d'énergie et de matière à travers les écosystèmes et également à la taille des populations. Elle permet aussi de mieux connaître les puits et les stocks de carbone dans les écosystèmes puisque la biomasse contient par définition beaucoup de carbone. A l'heure de la 7ème extinction de masse (et non la 6ème, voir ici), il est aussi important de faire le point car la situation pourrait évoluer très vite. 

Des chercheurs israéliens viennent de publier dans PNAS un article qui réevalue par rapport aux études précéentes la biomasse de chacun des principaux groupes de mammifères. Les auteurs ont compilé les études populationnelles concernant 392 espèces de mammifères et établit un modèle pour extrapoler les données à d'autres espèces. 

Estimation de la biomasse des grands groupes de Mammifères. Source : https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2204892120

Les estimations des chercheurs aboutissent au poids de 1080 millions de tonnes (Mt) pour tous les mammifères (en poids "humide", ce qui est équivalent à 343 Mt en poids sec et équivalent à 140 Mt de carbone).

Cette étude confirme que l'écrasante majorité de la biomasse des mammifères est composée d'éléments liés aux humains, avec les mammifères domestiqués et... les humains eux-mêmes. Il y a presque 32 fois plus de biomasse de mammifères d'élevage que de mammifères terrestres sauvages. Pour chaque kg d'être humain, il y a 1,6 kg de mammifères d'élevage. Parmi les mammifères domestiqués, les bovins sont de très loin les plus gros contributeurs (les 2/3 de la biomasse des mammifères d'élevage) et suivis par les porcs (qui a eux seuls avec 40 Mt ont une biomasse deux fois plus grande que tous les mammifères terrestres sauvages).

La comparaison entre la biodiversité (à l'échelle des espèces), le nombre d'individus et la biomasse amène des enseignements intéressants.

Comparaison de la biodiversité spécifique, du nombre d'individus et de la biomasse de grands groupes de mammifères terrestres sauvages. Source : https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2204892120


On remarque que la biomasse des artiodactyles (cerfs, gazelles...) est énorme par rapport au nombre d'individus et à leur relativement faible diversité en espèces, ce qui leur donne un poids très important dans les flux de matière et d'énergie dans les écosystèmes où ils se trouvent. Les Rongeurs ont le profil inverse : très grande diversité, une quantité d'individus moyenne et une biomasse faible si on compare à leur diversité. Les Chiroptères (chauve-souris) sont caractérisés par une assez bonne diversité et une quantité d'individus écrasante mais leur très faible poids individuel explique leur contribution modeste à la biomasse.

Signalons que 40% de la biomasse de tous les mammifères sauvages terrestres sont concentrés dans seulement 10 espèces (avec en tête le cerf de Virginie, le sanglier et l'éléphant d'Afrique).

Ces données montrent le profond impact que les activités humaines ont sur les flux de matière et d'énergie dans les écosystèmes même s'il faut relativiser la biomasse des Mammifères par rapport à la biomasse globale. Elle n'est qu'une toute petite fraction de la biomasse des animaux (entre 6 et 7%; ce sont les Arthropodes et les Téléostéens qui se partagent la plus grosse part du gateau), et la biomasse des animaux n'est elle-même qu'une petite fraction de la biomasse générale (0,37 %).


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