Les phylogénies moléculaires s'accordent mieux avec la biogéographie que les phylogénies basées sur les données morpho-anatomiques

 Thèmes : Evolution, Phylogénie

Les arbres phylogénétiques peuvent être construits par des méthodes phénétiques (matrices de distance sur un grand nombre de données) ou cladistiques (basés sur le partage d'états dérivés (synapomorphies)) et avec des données morpho-anatomiques ou moléculaires (séquences nucléotidiques ou en acides aminés). Les arbres obtenus avec des données moléculaires sont parfois en contradiction avec ceux construits avec des données morpho-anatomiques. En général, les arbres qui finissent par être acceptés par la communauté scientifique sont ceux provenant des données moléculaires car le nombre de "caractères" qui peuvent être étudiés est plus important.

Dans un article paru en Mai 2022 dans Nature Communications, des chercheurs anglais ont souhaité comparé les arbres moléculaires ou morpho-anatomiques par rapport aux données biogéographiques, c'est-à-dire la distribution des espèces dans les différents écosystèmes. Ils ont mis en jeu des données provenant de la distribution des espèces actuelles mais aussi de la localisation des premiers fossiles des groupes concernés. L'idée étant que plus deux espèces sont évolutivement proches, plus ils doivent être proches en terme de biogéographie. Ils ont comparé 48 paires d'arbres moléculaires/morpho-anatomiques avec les données biogéographiques correspondantes et ils se sont rendus compte que les arbres basés sur des données moléculaires sont nettement plus en concordance avec la distribution des espèces.

Le cas le plus frappant concerne les boas des îles Caraïbes où on voit bien que l'arbre phyologénétique moléculaire permet de mieux regrouper des espèces géographiquement proches (regardez les boas des Bahamas en orange ci-dessous).

Source : https://www.nature.com/articles/s42003-022-03482-x


Il y a quelques années, la phylogénie des Mammifères avait été modifiée grâce à des données moléculaires et a permis de faire émerger des groupes biogéographiquement logiques comme les Afrotheria qui regroupent des clades d'origine africaine alors que dans la classification "classique" morpho-anatomique, ils étaient séparés. 

Cette nouvelle étude présentée ici renforce donc la légitimité des phylogénies moléculaires, même si un faisceau d'arguments provenant de différentes méthodes est toujours important pour reconstituer l'histoire de la vie sur Terre.





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