La sclérose en plaques est provoquée par une infection virale

 Thèmes : communication nerveuse, virus, système immunitaire

La sclérose en plaques est une maladie auto-immune qui aboutit à la démyélinisation des fibres nerveuses du système nerveux central qui provoque une très importante diversité de symptômes.

Symptomes de la sclérose en plaques. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Scl%C3%A9rose_en_plaques#/media/Fichier:Sympt%C3%B4mes_de_la_scl%C3%A9rose_en_plaques.png

Dans un article publié dans Science en Janvier 2022, des chercheurs américains ont utilisé des résidus de serum prélevés initialement pour des tests HIV provenant de 10 millions de militaires US recrutés sur une période de 20 ans et ils ont montré que la quasi-totalité des patients atteints de sclérose en plaques avaient été infectés dans les années précédentes par le virus d'Epstein-Barr. Toutes les personnes infectées par ce virus n'ont pas développé de scléroses en plaques (heureusement !) mais le risque est multiplié par 32. Il s'écoule en moyenne 10 ans entre l'infection avec EBV (ou plus précisément l'apparition d'anticorps contre lui dans le serum) et l'apparition des symptômes de la sclérose en plaques.

Le virus Epstein-Barr (EBV) appartient à la grande famille des virus de l'herpès et une fois l'infection réalisée (où il peut causer une mononucléose infectieuse ou un lymphome de Burkitt), il reste latent, caché à vie dans les lymphocytes B. Le virus EBV est extrêmement commun et infecte à un moment ou à un autre de leur vie 95% de la population. Dans l'étude, les militaires qui n'avaient jamais été infectés par EBV n'ont jamais développé de scléroses en plaques à une exception près mais il pourrait s'agir d'une personne faussement négative.

L'un des traitements les plus efficaces contre la sclérose en plaques est l'injection d'anticorps monoclonaux anti-CD20 qui éliminent les populations de lymphocytes B mémoire, ceux-là même où se cache l'EBV. Les chercheurs ne comprennent cependant pas encore le lien entre ces EBV "dormants" ou supposés comme tels dans les lymphocytes et l'enchainement des évènements qui va aboutir à l'attaque du système immunitaire contre ses propres gaines de myéline. Le virus EBV n'en est pas à son premier méfait cependant : il est déjà soupçonné de causer le lupus et le diabète de type 1, d'autres maladies auto-immunes.

Reste à savoir pourquoi seulement une fraction des personnes infectées par EBV développe la sclérose en plaques. Des indices se cachent sans doute dans le fait que les femmes sont trois fois plus susceptibles de développer la sclérose en plaques que les hommes, elles développent la maladie plus tôt mais leur progression des symptômes est plus lente. Les hormones sexuelles jouent sans doute un rôle ainsi que les réponses différentes entre hommes et femmes en ce qui concerne l'inflammation. 

Voir l'article publié dans Science (Open Access)

Commentaires