L'urbanisation altère le cycle de vie des papillons

 Thèmes : Les perturbations anthropiques, cycles de développement

L'urbanisation gagne du terrain à l'échelle mondiale (+200% de surface couverte par les villes sont prévues en 2100 par rapport à l'an 2000), ce qui remet en question la biodiversité, et cette urbanisation est également  apparue récemment comme un facteur de changement évolutif. La phénologie saisonnière et la régulation des cycles de vie sont des processus essentiels que l'urbanisation est susceptible de modifier à la fois par l'effet d'îlot de chaleur urbain (entre +1°C et +4°C) et la lumière artificielle la nuit. La chaleur peut accélérer la croissance, et la pollution lumineuse peut induire en erreur les organismes qui utilisent la longueur du jour pour contrôler leurs rythmes saisonniers. 

En utilisant des données d'observation à long terme, une équipe de chercheurs finlandais a montré récemment dans un article de PNAS que les populations urbaines d'un papillon de jour,  Pieris napi, et d'un papillon de nuit, Chiasmia clathrata ont des saisons de vol plus longues pour six régions urbaines de la Scandinavie que pour les populations rurales voisines. Pour arriver à ce résultat, les auteurs ont utilisé des données à long terme provenant de programmes de surveillance standardisés et d'observations scientifiques citoyennes. Pieris napi était particulièrement sensible et on pouvait les observer jusqu'au 26 Septembre en moyenne dans les villes contre le 20 Septembre dans les campagnes. 

Les deux espèces de papillons étudiés : Pieris napi (gauche) et Chiasmia clathrata (droite)

Ensuite, à l'aide d'expériences en laboratoire, ils ont montré que l'entrée en diapause a été modifiée dans les populations urbaines dans le sens prédit par le réchauffement urbain, mais pas par l'altération de la luminosité, ce qui montre que dans le cas de ces papillons, les perturbations sont engendrées par l'altération des températures. Ce sont les perturbations de l'induction de la diapause qui expliquent la présence des papillons plus tardives dans l'année dans les villes par rapport aux campagnes. Ils ont ainsi montré que les paramètres abiotiques des environnements urbains peuvent entraîner des changements dans les réponses saisonnières des populations de papillons urbains, un modèle qui peut être répété chez d'autres espèces. Et il sera intéressant de suivre comment ces altérations d'origine thermiques vont évoluer en fonction du réchauffement climatique.


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