Les bourdons blessent les feuilles des plantes ce qui accélère la floraison

Thèmes : relations interspécifiques, floraison

Les bourdons sont des insectes sociaux qui forment des colonies annuelles. Au printemps,  les reines bourdons émergent de leur diapause et fondent une nouvelle colonie dans une cavité du sol. Ses membres doivent pouvoir rapidement se nourrir. Or il peut arriver que les fleurs ne soient pas encore ouvertes. Cela est d'autant plus probable que les bourdons sont en partie endothermes et capables de voler lorsque la température externe est assez basse (jusqu'à 5°C), contrairement aux abeilles (elles ne volent pas s'il fait moins de 15°C).

Bourdon sur une fleur (Photo : Gaspar Alves)

Des chercheurs suisses viennent de publier une étude dans Science qui montre que les bourdons ont un moyen de provoquer une floraison précoce. Ils ont observé que les bourdons attaquent avec leurs mandibules les feuilles des plantes qui n'ont pas encore fleuri et forment des morsures de la forme d'un croissant de lune. Ils ont observé que plus les colonies avaient des problèmes d'apports nutritifs, plus les bourdons avaient ce comportement. L'apport nutritif de ces morsures est pourtant très faible et les chercheurs ont eu du mal à les interpréter. 


Bourdon créant des blessures sur les feuilles aux formes caractéristiques (Source : Pashalidou et al., 2020;
 DOI: 10.1126/science.aay0496)

Ils se sont alors rendus compte que les plantes dont les feuilles ont été abîmées se mettent à fleurir plus vite que les plantes laissées intactes (chez Brassica nigra (la moutarde noire), le délai de floraison passe de 33 jours à 17 jours, soit une diminution de près de 50%). Les morsures des bourdons activeraient un mécanisme de défense de la plante qui accélère sa reproduction lorsque son appareil végétatif est attaqué par des herbivores. Lorsque les chercheurs ont reproduit artificiellement ces "croissants de lune" dans les feuilles, la floraison a été accélérée mais pas autant que lorsque les bourdons s'en étaient chargés. Cela suggère que la salive des bourdons doit comporter des molécules (des éliciteurs) qui amplifient le processus. 

Les chercheurs souhaitent maintenant identifier ces éliciteurs qui pourraient devenir des nouveaux produits pour des horticulteurs souhaitant accélérer la floraison de leurs productions.


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