Le séquençage du transcriptome de plus de 1000 plantes et algues éclaire l'évolution des végétaux

Thèmes : évolution, génomique, Embryophytes

Les séquences du transcriptome de 1124 espèces de plantes viennent d'être publiées dans Nature par un consortium international de 192 scientifiques à travers le monde. Le projet s'appelait 1KP (pour 1 kilo de (séquences) de plantes (!)) et a duré 9 ans. 

Jusqu'à présent, c'était des plantes d'intérêt agricole qui avaient surtout été séquencées (voir la chronologie ici). Dans cette étude, les chercheurs ont choisi des plantes (voir la liste ici) à travers une gamme très large de phyla des Embryophytes et d'algues. Quand ils ont eu le choix, les chercheurs ont tout de même inclus certaines espèces d'intérêt économique et les Chinois du consortium ont notamment insisté pour que soient inclus dans le projet des espèces à la base de la pharmacopée traditionnelle chinoise.

Ces séquences seront une mine de données pour mieux comprendre l'évolution des végétaux, quelque fois complexe d'un point de vue génétique avec de très rapides diversifications et des polyploïdisations.


Cette étude n'a pas amené de grands bouleversements dans l'agencement phylogénétique des différents clades. Elle a confirmé que les Bryophytes forment bien un groupe monophylétique incluant les hépatiques (la position de ce clade était controversée depuis un moment).

Source : https://www.nature.com/articles/s41586-019-1693-2/figures/2

Les informations recueillies sont plus intéressantes concernant la dynamique de l'évolution et les mécanismes de diversification génique. Les chercheurs ont remarqué que les familles multigéniques étaient très souvent déjà diversifiées avant l'évolution des Embryophytes. Chez ces derniers, ce sont plutôt des duplications du génome entier qui ont eu lieu et de manière répétée, notamment chez les Angiospermes et les fougères (jusqu'à 19 duplications chez certains groupes de fougères !). 


Ces duplications ont amené une diversification qu'on pense à l'origine des différents gènes qui ont permis l'évolution des pièces florales (gènes de la famille des MADS-box A,B,C) ou la mise en place des nodosités chez les Fabacées. Les chercheurs ont noté que les duplications impliquées ont précédé de 100 millions d'années l'apparition des fleurs ou des nodosités, ce qui indique que la diversification des gènes n'est pas automatiquement suivie d'implications fonctionnelles et que ce n'est pas le seul facteur en jeu. Le recrutement des gènes A,B,C qui a permis la diversification des pièces florales tient plutôt de l'exaptation (adaptation sélective opportuniste, privilégiant des caractères qui sont utiles à une nouvelle fonction, pour laquelle ils n'avaient pas été initialement sélectionnés).


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