Détournement d'un mécanisme de défense en outil d'attaque au cours de l'évolution d'une plante carnivore

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Thèmes : prédation, évolution, relations interspécifiques






La dionée attrape-mouche (Dionaea muscipula) est une plante carnivore comme son nom l'indique. Ses feuilles modifiées se referment sur sa proie (chenille, mouche...) lorsque celle-ci a touché deux fois des poils sensitifs. Puis de nouvelles stimulations provoquent la sécrétion d'enzymes digestives.

Des chercheurs allemands et saoudiens ont publié une étude dans le dernier Genome Research avec le profil d'expression génétique des pièges de la dionée attrape-mouche avant et après fermeture. Tout d'abord, cette étude confirme que l'organe piège est bien constitué de feuilles modifiées, le profil d'expression génétique étant très proche d'organes foliaires plus classiques. Les chercheurs ont ensuite découvert l'expression de récepteurs à la chitine. La cuticule des insectes contient de la chitine et habituellement chez les plantes non carnivore elle déclenche la production d'acide jasmonique. En réponse à cette molécule, la plante va produire des inhibiteurs de protéases qui empêchent les enzymes digestives de l'insecte de bien fonctionner et vont ainsi le dissuader de se nourrir de la plante. Or chez la dionée, les chercheurs montrent que l'acide jasmonique est bien produit en réponse à l'activation des récepteurs par la chitine mais va provoquer la production de protéases par la plante ! C'est donc une inversion totale des rôles et des molécules sécrétées. Ainsi, des outils défensifs ont évolué en outils offensifs en utilisant une même voie de signalisation comme point de départ.



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