Les mers et océans se refroidissaient avant le début du réchauffement climatique actuel




 L'entrée de l'Homme dans l'ère industrielle a provoqué en très peu de temps des modifications considérables à l'échelle de la planète, ce qui peut justifier l'entrée dans une nouvelle ère géologique (l'Anthropocène). 


Source : http://www.nature.com/ngeo/journal/vaop/ncurrent/full/ngeo2510.html


Une étude intéressante est parue dans le dernier Nature Geoscience où des chercheurs sont parvenus à reconstituer les variations de température des eaux de surface sur 57 sites répartis sur toutes les mers du globe depuis 2000 ans. Pour accéder à ces informations, les chercheurs ont étudié du zooplancton (des Foraminifères) fossile enfoui dans les sédiments marins et leur teneur en magnésium et en calcium (rapport Mg/Ca), la composition des lipides (C37 alkenone unsaturation), la relative abondance de cystes de Dinoflagellés qui sont tous des paramètres dépendant de la température de l'eau dans laquelle ils se sont développés, c'est-à-dire les eaux de surface.  

Bilan ? Du Ier au milieu du XIXème siècle, il y a eu un refroidissement global des températures de surface. Ce refroidissement a été le plus marqué dans les eaux tropicales (jusqu'à 3°C en moins). Ce refroidissement est surtout perceptible depuis le début du Petit Âge Glaciaire, à partir des années 1300s. Divers paramètres peuvent être impliqués pour expliquer ce refroidissement, mais les auteurs mettent en avant l'activité volcanique accrue durant cette période. 

Voici le décompte des éruptions volcaniques majeurs susceptibles de perturber le climat par période de 200 ans : 

"3 in the 801-1000 interval 
3 in the 1001-1200 interval 
5 in the 1201-1400 interval 
3-4 in the 1401-1600 interval 
4-5 in the 1601-1800 interval
5 in the 1801-2000 interval"

Les éruptions volcaniques relâchant beaucoup d'aérosols dans l'atmosphère y ont des effets immédiats (voir par exemple les effets de l'éruption du volcan islandais Laki en 1783) mais apparemment, ces effets se prolongent via des effets à plus long terme dans les océans.

Dès le milieu du XIXème siècle (soit à peine 60 ans environ après le dépôt du brevet de la machine à vapeur par James Watt), la baisse est stoppée et les températures se mettent à remonter. La vitesse du réchauffement actuel est 20 fois supérieur à la vitesse de la baisse précédente sur 1800 ans. Les mers et les océans sont donc en train d'absorber une très vaste quantité de chaleur. On notera que le niveau de fortes éruptions volcaniques n'a pas diminué entre les années 1800 et 2000 par rapport à d'autres tranches de 200 ans donc ce n'est pas une baisse d'activité volcanique qui explique la fin du refroidissement et le début du réchauffement (nous savons bien que la cause est l'émission de gaz à effet de serre par les activités humaines; merci James Watt !!).

Le rôle et la cinétique des différents paramètres qui contrôlent la température des mers et des océans sont des paramètres clés pour comprendre l'avenir du climat et donc cette étude est particulièrement intéressante pour des futures modélisations.

Voir l'article original

Voir aussi ce site où les auteurs de l'article répondent à diverses questions concernant leur étude.

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