Le plus vieux fossile de la famille des tortues révèle leur histoire évolutive

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Thèmes : évolution, squelette

Une belle découverte de fossile a été réalisée par des paléontologues allemands dans une carrière du Bade-Wurtemberg (sud-ouest du pays). 



Le fossile a été découvert dans de l'argilite lacustre (fond de lac pétrifié) datant de 240 millions d'années (Trias moyen) et répond au joli nom de Pappochelys rosinae (Pappo pour les intimes). Il s'agit du plus ancien fossile de Chélonien (famille des tortues) connu à ce jour (le précédent fossile le plus ancien datait de 220 millions d'années). Il présente un mélange de caractères ancestraux et dérivés qui permettent de le rapprocher des lézards (et non des crocodiliens), ce qui est concordant avec des analyses de données de phylogénie moléculaire datant de 2011. 

Par rapport à un lézard "classique" les côtes sont élargies et une fusion partielle apparaît pour le blindage ventral ossifié typique des tortues (plastron). Il n'y a pas de carapace dorsale cependant. 

Un point important est la présence de deux fosses temporales. Les fosses temporales sont des cavités ménagées dans le squelette crânien qui permettent l'insertion des muscles (et non pour les organes des sens comme les fosses nasales ou orbitaires). Nous, les Mammifères, avons une seule fosse temporale (la tempe...) - en fait deux mais on raisonne que sur un côté, gauche ou droit. Les lézards, les crocodiles et les oiseaux (les Sauropsidés actuels) ont deux fosses temporales (même si elles sont secondairement soudées à la fosse orbitaire chez les oiseaux). Ce sont des diapsides. Or les tortues actuelles n'ont pas de fosses temporales (caractère anapside). Ce caractère anapside est aussi ancestral chez les Tétrapodes (amphibiens et premiers fossiles de Sauropsidés). D'où le débat sur le caractère anapside des tortues : maintien d'un caractère ancestral ou retour par perte secondaire du caractère diapside. Grâce à Pappochelys, on a une nouvelle indication que c'est la deuxième hypothèse qui est la plus probable : perte du caractère diapside chez les tortues

Article original dans Nature

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