La réaction inflammatoire : tout un THRILLer !

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Thèmes : ARN, immunité, inflammation

Après les siRNA impliqués dans la défense anti-virale chez les Mammifères, voici maintenant les lncRNA (pour large non coding RNA) impliqués dans la régulation de l'inflammation. Ces ARN non traduits font au moins 200 bases de long et ont déja été impliqués dans le maintien des cellules souches, le contrôle du cycle cellulaire ou l'inactivation du chromosome X (Xist). Ils sont codés dans des régions du génome qui étaient encore qualifiées de "remplissage" ou de "charpente structurale" sans autre fonction, au début des années 2000 et il en existerait plusieurs centaines dans le génome humain. 
L'article publié dans PNAS en Décembre 2013 par des chercheurs américains montrent qu'un lncRNA appelé THRIL (qui fait plus de 2000 bases de long) voit son expression augmentée lors de l'exposition des macrophages à des signaux inflammatoires. Son expression est cruciale pour l'activation de l'expression du TNFalpha, une cytokine très importante pour l'immunité innée (déclenchement de la fièvre, attraction des neutrophiles, stimulation de la phagocytose des macrophages...). THRIL est aussi important pour l'expression de l'interleukine-8 (IL-8) qui a aussi un rôle très important dans l'inflammation. Pour agir, THRIL s'associe à un complexe ribonucléoprotéique appelé hnRNLP, impliqué dans la régulation transcriptionnelle. Le niveau d'expression de THRIL est aussi corrélée à la maladie de Kawasaki, une maladie auto-immune caractérisée par une forte inflammation de certains vaisseaux sanguins qui provoque érythèmes et oedèmes, notamment de la muqueuse buccale. On ne sait pas pour l'instant si une dysrégulation de THRIL est la cause de cette maladie ou un simple "marqueur" dont l'expression altérée est la conséquence d'un autre processus. 
Le TNFalpha est impliqué dans beaucoup de maladies (maladie de Crohn, arthrite, sclérose en plaques...) et la compréhension de ces nouveaux mécanismes de régulations par un grand ARN peut permettre de mieux comprendre ces maladies et de les soigner. Et de manière plus fondamentale, l'ADN non codant "de remplissage" de notre génome se réduit de plus en plus au fur et à mesure des découvertes !!

Article original : http://www.pnas.org/content/early/2013/12/26/1313768111.full.pdf

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