De nouveaux neurones produits dans le cerveau à partir de cellules gliales

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Thèmes : Système nerveux, cellules souches, thérapie cellulaire


ATTENTION L'INTERPRETATION DE CES DONNEES A ETE REEVALUEE. 


Les cellules gliales sont bien plus nombreuses dans le cerveau que les neurones (sauf dans le cervelet), pourquoi ne pas s'en servir pour soigner des neurones "malades" ou remplacer des neurones morts ? Tel est le but poursuivi par les chercheurs américains et chinois qui ont transformé in vivo dans le cerveau de souris des astrocytes en neuroblastes (précurseurs de neurones) qui prolifèrent puis se différencient. L'article a été publié dans Nature Cell Biology en Septembre 2013

Astrocyte humain  (photo : Bruno Pascal)

Ils ont utilisé des lentivirus recombinés (des rétrovirus rendus ici inoffensifs) comme cheval de Troie pour faire rentrer l'ADN dans les cellules du striatum, une partie du cerveau qui a un rôle dans le contrôle moteur et qui dégénère dans la maladie de Huntington. Ces lentivirus font exprimer le facteur de transcription Sox2 dans les astrocytes (grâce à un promoteur spécifique). Sox2 est un gène connu pour être exprimé naturellement dans les cellules souches neurales, ce n'est pas une surprise de le retrouver à l'action ici. Les nouveaux neuroblastes induits ont été appelés iANB (pour induced adult neuroblasts). Après prolifération, ils se différencient en neurones fonctionnels (à en juger par leur forme, certains marqueurs moléculaires et des expériences d'électrophysiologie). Les auteurs soulignent l'importance d'utiliser pour Sox2 non pas un promoteur constitutif mais un promoteur bien ciblé sur les astrocytes et qui n'est plus activé une fois que les nouveaux neurones commencent à se différencier. La différenciation des neurones peut être stimulée par une combinaison de 2 facteurs secrétés (BDNF et Noggin pour ceux qui connaissent) qui sont aussi produit in situ grâce, une fois de plus, à des vecteurs lentiviraux co-injectés avec les premiers lentivirus Sox2. 


L'idée est ici de faire de la thérapie cellulaire in situ et d'éviter de passer par l'étape in vitro. Cette technique a des potentiels importants pour soigner ou ralentir l'évolution des maladies neurodégénératives et l'étape suivante c'est évidemment de refaire tout cela dans des souris modèles de maladies neurodégénératives. Mais attention : même si cette technique permet de produire des neurones chez l'adulte c'est au détriment des cellules gliales comme les astrocytes qui ont aussi des fonctions importantes ! Il faudra trouver un équilibre entre réparation neuronale et destruction gliale.



Commentaires

  1. Je regarde régulièrement s'il y a des nouveaux articles. Super blog! Celui sur les cellules gliales est assez géant. Cependant il y a pas mal de chemin à parcourir avant de parler de thérapie. Arriver à générer le type de neurone voulu dans des régions du cerveau qui peuvent compter énormément de types différents, puis que l'incorporation au sein du réseau neuronal se fasse sans faire regresser celui déjà existant... Mais les résultats obtenus sont beaux et donnent envie de suivre attentivement le travail de cette équipe.

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